Pensée circulaire et pensée linéaire

Notre modèle de prédiction

La pensée linéaire est celle que nous mettons en œuvre assez naturellement lorsque nous cherchons la cause qui a provoqué un effet. On cherche dans le passé (principe de causalité) et on associe un lien entre deux evènements. Ce talent (augmenté de notre volonté de simplifier et notre propension à filtrer) appliqué à des organismes nous amène à trouver l’organe défaillant : « Ah mais c’est évident ! Si les clients sont mécontents, c’est la faute à <Insérer ici le département bouc-émissaire de l’entreprise> ». 

Pour un moteur de bagnole, c’est plutôt évident et très efficace. Comme dirait Daniel Prévost « Y a le joint de culasse qu’était pété » (https://youtu.be/1SZou38sdQ0). Il suffira de le changer et tout repart.

Concernant les organisations et les interactions humaines ça devient moins évident et on a vite tendance à désigner un bouc-émissaire qui devient la cause de base et donc « LE problème ».

Exemple caricatural : Si il y a des problèmes entre le marketing et la R&D c’est parce que le chef de la R&D ne sait pas communiquer et d’ailleurs, il devient de plus en plus agressif. C’est simple, net et bien cadré. Effet - Cause « point ». LA solution : un bon coaching du bouc-émissaire et tout va rentrer dans l’ordre.


La pensée circulaire est plus adaptés aux situations complexes en prenant en compte les boucles. On pense que le changement ne viendra pas d’une élimination de la cause de base (qui est dans le passé, donc bonne chance pour changer le passé) mais de tenter quelque chose pour désamorcer la boucle (ici une boucle amplifiante) : 

Le chef R&D est en situation difficile, ça arrange globalement l’organisme (car c’est une solution cf. article précédent), l’organisme ne l’écoute pas, il se sent isolé et accusé, il se défend, on lui reproche d’être sur la défensive, il trouve ça injuste et il est en situation difficile...


Bien que difficile à vivre, cette boucle perdure car casser cette boucle génèrerait (au moins de façon projetée) plus de pertes que de gains pour chacune des parties prenantes.

De façon irrationnelle, cela pourrait s’expliquer par le fait que nous préférons parfois une souffrance connue à une perte dont les impacts imaginés sont plus douloureux encore. Donc on continue parfis jusqu’au burn-out.


Ah c’est un point de vue intéressant cette pensée circulaire, mais alors on fait quoi ?

En général, dans la complexité, quand une solution parait simple et « logique », elle viendra très probablement alimenter le « toujours plus de ce qui ne marche pas ».

Il va falloir tenter des solutions « illogiques » pour contrer une boucle irrationnelle… 


Un exemple ? A une équipe qui se plaint de son manager, on pourrait amener l’idée que « On a le management qu’on mérite... ». Ca pique, c’est illogique... alors ça va déclencher des émotions, des réflexions et donner une chance au système de changer. 


En résumé, La pensée circulaire est étroitement liée à la pensée systémique. Elle se base sur la notion de rétroaction et d’interconnexion entre différents éléments. Elle vise à voir les problèmes dans leur ensemble et à mieux comprendre leurs interactions. En pratique, cela signifie voir le problème sous un angle plus holistique et rechercher des solutions qui prennent en compte l’ensemble des paramètres en jeu. Par exemple, plutôt que de voir les relations entre le marketing et la R&D comme étant bloquées par une personne en particulier, on pourrait rechercher des solutions plus globales qui prennent en compte les différents points de vue et les intérêts des différentes parties prenantes.